Par Éric GALVAGNO
Au revoir… à jamais !
Notre activité de loisir n’échappe pas à la règle : elle a ses codes, ses bonnes pratiques, voire ses traditions, et autres us-et-coutumes.
Si la majorité de ceux-ci nous viennent directement de l’expérience acquise de nos anciens, tant du point de vue technique que non technique, il est une pratique qui perdure et qu’il convient de dénoncer parce qu’elle a tué et qu’elle tue encore : c’est le « au revoir » aux amis qui se traduit par un passage grande vitesse, basse altitude, avec ou pas des évolutions serrées au-dessus d’une plateforme.
Tout d’abord, attardons-nous un peu sur les raisons profondes qui amènent à un tel comportement. En effet, s’il est de bon ton, au moment de les quitter, de saluer les amis, de les remercier, de leur dire au revoir (attention ! Avant ou après la visite prévol et pas pendant…) après avoir été accueilli chaleureusement sur un terrain, pourquoi alors se sentir obligé de faire une manœuvre périlleuse, dont on n’a pas reçu de formation adéquate, et qui ne sert à rien, après le décollage du départ ??
Il faut y voir, selon moi, la nécessité d’exprimer, pour certains, un sentiment de toute puissance digne du niveau du conducteur d’un gros bolide qui fait rugir son moteur, accélère et klaxonne pour se faire remarquer, et satisfaire ainsi son besoin de reconnaissance…
Sinon, comment expliquer que l’on prenne le risque d’évoluer à haute vitesse et basse hauteur, souvent en faisant des virages serrés, et/ou des ressources inconsidérées ??
Car il faut avoir à l’esprit les vulnérabilités auxquelles nous avons à faire face lors de telles manœuvres.
En effet, évoluer à grande vitesse dans un environnement d’aérodrome ou de plate-forme ULM n’est pas anodin, et accroît le risque de collision avec un autre trafic. De même, la ressource bien appuyée, lors du passage en bout de piste, peut amener un décrochage de l’appareil à haute vitesse. Décrochage brutal, irrattrapable et toujours dramatique dans ses conséquences.
Enfin, pour rester à la vue des personnes au sol, et à cause de la vitesse, les virages sont forcément très inclinés, ce qui engendre un fort risque de perte de contrôle par dissymétrie, illusions sensorielles ou autres, avec pour conséquence inéluctable un contact mortel avec le sol…
Prenez le temps, avant de partir d’un terrain, de remercier les personnes qui vous ont accueillis, ne reculez pas devant les témoignages de sympathie, mais n’en rajoutez pas après le décollage par une manœuvre aussi inutile que dangereuse et fort coûteuse en vies !!
Ainsi, vous pourrez dire à vos amis restés au sol, au revoir… à bientôt !
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BSV N°40 Septembre 2017